Premysl Bercik est professeur de gastroentérologie
au département de médecine de l’Université McMaster,
à Hamilton, Ontario, Canada, et membre du Farncombe
Family Digestive Health Research Institute.
Il a reçu la bourse internationale en 2020 pour son travail
sur « Gut microbiota and post antibiotics disorders ».
La première fois que vous avez fait le lien entre le microbiote et le syndrome de l'intestin irritable (SII) ?
Vos premières recherches dans ce domaine ?
Tout d’abord, j’ai travaillé sur un modèle murin de syndrome de l’intestin irritable post-infectieux déclenché par un parasite, Trichinella spiralis. Chez certaines souris génétiquement prédisposées, cette infection parasitaire induit un dysfonctionnement intestinal à long terme Les souris développent dabord une diarrhée permettant dexpulser le parasite de lintestin puis un transit intestinal ralenti accompagné dune perception accrue de la douleur comme celle causée par la distension intestinale Il est intéressant de noter que lexposition des souris précédemment infectées à des antigènes de T spiralis stimule le système immunitaire et maintient le dysfonctionnement intestinalCependant mon premier projet impliquant des bactéries visait à développer un modèle murin de dyspepsie fonctionnelle provoquée par une infection chronique par Helicobacter pylori Nous avons démontré que les souris infectées par Hpylori pendant trois mois présentaient un retard de vidange gastrique ainsi quune altération de la perception de la distension de lestomac Comme vous pouvez le voir jai commencé sur plusieurs fronts mais ces études mont donné un premier aperçu de linteraction entre le système immunitaire et le microbiote qui peut entraîner une altération de la fonction intestinale
du Professeur Bercik
Les premières fois
Après avoir terminé mes études de médecine en République tchèque, j’ai eu l’occasion de rejoindre l’université de Lausanne,en Suisse, où j’ai étudié le fonctionnement du système nerveux entérique et le péristaltisme gastro-intestinal. À l’époque,nous ne savions pratiquement rien du microbiote intestinal et de son rôle dans le syndrome de l’intestin irritable. C’est une présentation de mon mentor actuel, Stephen Collins, qui m’a incité à poursuivre mes études postdoctorales à l’université McMaster au Canada : il a évoqué la notion pionnière selon laquelle même de très faibles niveaux de cytokines pro-inflammatoires pouvaient altérer la fonction gastro-intestinale.Aujourd’hui, trois décennies plus tard, il est bien établi que l’inflammation de bas grade est un mécanisme clé du syndrome de l’intestin irritable, mais il nous a fallu beaucoup de temps pour réaliser que le microbiome était le moteur de cette inflammation intestinale.
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