Le Docteur Mario Moisés Álvarez,
de l’Institut technologique d’études
supérieures de Monterrey (Mexique),
a été lauréat de la bourse nationale
Biocodex 2019, au Mexique, pour son
étude de l’interaction entre le microbiote
intestinal et les cellules tumorales du cancer
colorectal.
Son équipe étudie la contribution de certains
organismes de notre microbiote au blocage
des processus cancéreux. Ces dispositifs
permettent l’analyse de deux compartiments
reliés l’un à l’autre par des microcanaux :
l’un contient des bactéries typique du
microbiote intestinal humain, l’autre recrée
un processus cancéreux de l’hôte, en y
plaçant en culture un prélèvement de tumeur
colorectale.
L’objectif ? Comprendre comment les
molécules produites par ces bactéries
du tube digestif affectent la croissance
de la tumeur. Ces connaissances pourraient
permettre de mieux combattre les cancers
colorectaux à l’avenir
(13)
.
FACTEUR FAVORISANT OU CAUSE DE CANCER ?
Alors que le cancer du sein est le plus fréquent chez
la femme une nouvelle hypothèse suggère limplication
du microbiote Plusieurs études ont pointé du doigt le rôle
direct et indirect des microbiotes dans le développement
de ce cancer
Dune part il a été démontré que le risque de cancer
du sein dépendrait en partie de la nature et du rapport
entre les estrogènes et les métabolites produits par le
microbiote intestinal
Dautre part certains chercheurs ont découvert un
microbiote dans le tissu mammaire dont la composition
et plus précisément la forte ou la faible abondance de
certaines familles bactériennes serait différente selon que
la femme est atteinte ou non dun cancer du sein Dautres
chercheurs ont montré que la composition du microbiote
intestinal variait selon le stade cancéreux Les deux sontils
connectés Les investigations sont lancées
12
UTILISER COMME BIOMARQUEUR
Le microbiote pourrait venir renforcer l’arsenal
thérapeutique des oncologues. Une équipe japonaise
a entrepris d’utiliser le microbiote comme marqueur non
invasif du cancer de la prostate de grade élevé. Les
chercheurs ont observé que trois groupes bactériens
étaient plus abondants chez les patients présentant
un cancer de la prostate de haut grade
(11)
. Ces résultats
méritent d’être confirmés à plus grande échelle avant
d’être transposés en une pratique clinique courante.
AMÉLIORER LE TRAITEMENT
Que ce soit pour améliorer l’efficacité des traitements ou
minimiser leurs effets secondaires, les interactions entre
microbiote et traitements anticancéreux font l’objet de
nombreuses recherches. Celles-ci ont d’ailleurs fait l’objet
de publications dans des revues prestigieuses comme
Nature Medicine.
L’exemple le plus illustratif à ce jour est celui de
l’immunothérapie utilisée dans le traitement du cancer
du poumon non à petites cellules, dont l’efficacité pourrait
être influencée par l’abondance d’Akkermansia muciniphila
(Akk) dans le microbiote intestinal. Une équipe de
recherche française évalue chez des patients présentant
un cancer du poumon avancé l’impact de l’administration
de cette bactérie probiotique (Akk) sur l’efficacité du
traitement.
D’autres bactéries, telles que Faecalibacterium prausnitzii,
pourraient également jouer un rôle dans la réponse au
traitement. Il reste encore beaucoup de choses à découvrir ;
le microbiote pourrait être un critère pouvant guider des
choix thérapeutiques
(10)
.
L’EXPERT
À CONNAÎTRE
Mario Moisés Álvarez
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